On aménage, on rénove, on casse, on construit. La bête a faim alors on programme l’obsolescence des bâtiments et nous ne vivons plus que dans la matérialisation provisoire d’un investissement financier. Chaque lot de cet amas de bric et de broc précaire attends patiemment d’être remplacé par un autre morceau conçu dans des matériaux impropres à l’éternité. La substance de la ville ne représente plus qu’une occupation temporaire, une couche plus mince de civilisation. Le monstre a rejeté tout ce que la modernité pouvait comporter d’irrationnel, d’incontrôlable, d’artistique et de subversif. Le monstre a vidé avec soin l’identité de ses habitants par l’action puissante du déracinement culturel. Les débris de l’histoire sont évacués pour être recyclés. C’est que chaque morceau de la ville doit dire quelque chose, proclamer une vision. Hors de question de mal se conduire, de mourir, de mendier, de se battre, de s’enivrer.
« Junkspace » est un projet librement inspirée des travaux de Rem Koolhaas, architecte, théoricien de l’architecture et urbaniste.