Avec le tournant libéral amorcé par les élections de Reagan et Thatcher, les démocraties occidentales ont imposé jusqu’à aujourd’hui, un modèle d’économie qui a négligé l’importance des liens d’interdépendance entre animaux, humains et environnement. Un modèle de prédation qui a puisé sa prospérité de l’exploitation des écosystèmes. Le boom des circulations et des échanges au niveau mondial et l’appauvrissement de la faune et de la flore ont ainsi créé un contexte socio écologique favorable à la propagation des épidémies.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, le monde connait depuis les années 1980 un accroissement significatif de la circulation des agents infectieux et des risques de pandémies. Les travaux de Serge Morand, écologue et biologiste de l’évolution, montrent « la corrélation entre le nombre d’épidémies déclarées par pays et le nombre d’espèces de mammifères et d’oiseaux répertoriées en danger par pays. Tout se passe comme si la crise de la biodiversité s’accompagnait de crises épidémiques. »
Les nombreuses crises que nous traversons aujourd’hui, montrent l’incapacité du système actuel de gouvernance à garantir un développement durable de nos sociétés. L’échec du système de domestication de la terre et de ses habitants doit ouvrir la voie à de nouveaux horizons. Nous habitons aujourd’hui le crassier d’un monde industriel en ruine.
L’erreur serait de croire que nous sommes réduits à y survivre. Considérerons ces ruines comme un terreau d’expérimentations collectives pour qu’il n’y ait plus de « retour à la normale ». Reconsidérons les relations entre vivants et non-vivants pour habiter le crassier !